vendredi 22 janvier 2016

Vis ma vie #3

Quand, après lui avoir installé un coin de jeux immense, j'espère qu'elle joue seule.


Quand elle se réveille après la sieste


Quand elle m'entend chanter dans la oiture

« cette personne a eu le droit de se reproduire ? Je vais l'entendre chanter souvent ? Genre toute ma vie ?! OMG »

Quand elle lutte contre le sommeil

mercredi 20 janvier 2016

Réflexion sur le tire-lait

 Aujourd'hui j'ai envie de parler, ou plutôt de réfléchir sur le tire-lait. Je tire mon lait depuis les deux mois de ma fille, en vue d'une reprise du travail, et j'ai découvert dans la foulée toutes les images, représentations et fantasmagories liées au tire-lait.

Le tire-lait, pour beaucoup, renvoie à l'imaginaire fermier, de la vache que l'on trait pour récupérer le lait. Je suis toujours en colère quand je lis des témoignages sur des femmes qui se sont fait traiter de manière méprisante, ramenée à cet imaginaire. De ce fait, je trouve qu'il y a beaucoup de gêne, beaucoup de non-dits et de tabou lorsqu'on franchit le pas pour louer un tire-lait. Mes collègues de travail sont toujours surpris que je ne fasse pas "l'effort" de prendre quelque chose de moins voyant pour transporter mon tire-lait (c'est la malette de protection de la pharmacie, effectivement elle est énorme, mais bon, quelle flemme de chercher autre chose). Un relent de honte ? De fausse pudeur ? Bien sûr, il y a les représentations personnelles, subjectives, que chacune entretient avec l'engin. Mais au fond, dans la société dans laquelle on vit, nos représentations sont-elles libres ? Pourquoi des représentations aussi violentes pour un objet porteur de liberté ? J'y vois pour ma part beaucoup de sexisme. Je rapproche le tire-lait de la contraception : un outil de liberté et d'émancipation. Et comme tout outil, il reste un choix, non une obligation. C'est un outil comme un autre qui permet de prendre le contrôle. On contrôle notre allaitement (si toute fois on peut dire qu'on peut contrôle l'allaitement, mais là est un autre débat !), on choisit de tirer pour des raisons précises comme la reprise du travail ou la possibilité de déléguer. On a la main. Quel pouvoir !

Cet allaitement hypocritement encouragé dans notre société, dénué de tout accompagnement, on en voit les failles quand on se retrouve pour la première fois devant un tire-lait. Quand tirer ? C'est normal de peu tirer ? Que faire ? Quel accompagnement dans la mise en oeuvre de ce tirage ?

Il est normal de peu tirer au début, le corps s'adapte. On tire plus lorsqu'on le fait pendant la tétée. Et autre conseil : je tire bien plus efficacement depuis que je ritualise le tirage. Le matin je tire avec la petite, pendant qu'elle joue à triturer le fil. Le soir, je tire avec du thé et mon mec à côté qui fait des blagues.

vendredi 8 janvier 2016

Mon hospitalisation et l'allaitement



Début décembre j’ai été hospitalisée en urgences pour deux jours et une nuit. Une séparation brutale d’avec ma petite de 4 mois, allaitée exclusivement. Outre l’inquiétude pour ma santé, mon conjoint s’est retrouvé comme une poule devant un couteau, comme on dit. Comment ça mange ces bêtes-là, quand il n’y a pas les seins de maman ? Elle était habituée au biberon, grâce à son entrée en crèche, mais pas du tout au lait artificiel. On avait déjà parlé d’une transition, quand il s’informait sur le mixte, et je lui avais qu’en théorie, dans l’idéal, le passage LM/LA se préparait, parce que certains bébés allaités pouvaient refuser le LA.
Donc là, on va dire que pour la préparation, c’était plutôt loupé. Il a pu tenir grâce à mes réserves de lait congelé pour la crèche, le temps de l’ouverture le lundi des commerces. Et s’est de nouveau retrouvé comme un couillon devant l’immense rayon LA du magasin. Quoi prendre ? On avait peu parlé de ce point, même si on savait qu’on se tournerait spontanément vers un lait bio. C’est comme ça qu’il a pris le BabyBio Optima 1 relai d’allaitement. Et il a ouvert la boîte. Et il y avait pas de mesurette.

Vous avez dit poissards ?

Il est allé quémander une mesurette à la pharmacie et est reparti avec un nouveau lait sous le bras, un peu furax. Il a donc testé le Nestlé Nidal 1er âge relai d’allaitement. Conformément à mon souhait, que j’ai réussi à lui donner entre deux évanouissements, il n’a pas regardé la composition. On était déjà dans l’urgence, inutile de nous rajouter de la culpabilisation car on avait quasiment pris le premier lait qui passait. 

Le passage au biberon fut difficile. La petite a pris le LA directement, sans préparation, sans rechigner. Nous sommes persuadés qu’elle a compris ce qu’il se passait. Elle a gardé son rythme d’allaitement : de petites quantités (max 90, le plus souvent 60ml) et réclamait toutes les 1h30/2h. On était donc loin, loin des 3h. Et malgré les conseils, nous avons préféré lui donner quand elle réclamait, sans attendre ces sacro-saintes 3h. J’ai eu beaucoup de mal à lui donner le biberon, le geste, le manque d’habitude. De son côté le transit était plus difficile, elle pleurait beaucoup, semblait plus difficile à apaiser. Je me suis retrouvée avec un bébé aux rythmes explosés, qui ne dormait plus dans son lit seule la journée, qui se réveillait constamment la nuit (le prochain qui me sort qu’avec le LA le bébé fait des nuits complètes, je le tue, comme ça, voilà, merci aurevoir), qui refusait que quiconque d’autre que moi ne la prenne dans ses bras. Bref, l’horreur absolue, et tout ça à gérer avec la fatigue exacerbée. Le passage du Nestlé au Babybio a aidé, surtout que je me sentais beaucoup plus en confiance, instinctivement, avec celui-ci. Pour moi, la consistance du premier me faisait penser à de la coke. De la poudre qui me donnait une impression de briller, argentée, et très volatile. Le babybio, lui, ressemble plus à du sable et c’est pour ça qu’on ne trouvait pas la mesurette, elle était cachée dedans la coquine !

En parallèle, mon côté têtu avait décidé que je ne laisserais pas le sort mettre fin à mon allaitement à cause d’un traitement incompatible (les médecins ont essayé de me donner quelque chose de compatible, mais ce n’était pas possible, et je les remercie pour leur tentative), alors que je ne l’avais pas choisi. Pourtant tout le monde autour de moi me disait « oh ben c’est le moment d’arrêter non ? C’est l’occasion ! »



« L’occasion ». Ce mot sans volonté de nuire me faisait très mal à entendre. On parlait d’un arrêt brutal d’allaitement, suite à une hospitalisation que j’ai trouvé interminable, une séparation tout aussi brutale. Ce n’était pas une « occasion ». Du coup, soutenue uniquement par mon conjoint, j’ai tiré mon lait 2 à 3 fois par jour, avec un pincement au cœur en jetant tout ça. Je me suis gavée de tisane d’allaitement saupoudrée de Galactogil (granules homéopathique pour soutenir la production lactée), ainsi que de plats à base de fenouil. En gros, je me suis transformé en fenouil. Le top du sexy. L’entourage ne comprenait pas trop pourquoi je dépensais une telle énergie et du temps à vouloir maintenir un allaitement qui, peut-être, ne repartirait pas. Je me suis rapprochée d’une conseillère en lactation mais avec les fêtes nous n’avons pas eu la possibilité d’échanger et je me suis retrouvée assez seule. Elle m’a conseillé de masser mes seins ainsi que de compresser pendant la tétée pour aider le réflexe d’éjection, et de proposer les deux seins plusieurs fois en une seule tétée. Encore aujourd’hui ça m’aide.

Quand je l’ai remise au sein après une semaine d’arrêt, j’ai cru pleurer de soulagement. Pour moi, tout allait rentrer dans l’ordre. J’ai eu un coup au cœur en constatant que j’avais eu un poil trop d’espoir et que la complémentation restait nécessaire. Elle tirait sur mon sein, s’énervait, puis finissait par le repousser en pleurant. Je l’ai mal vécu les trois premiers jours, j’avais peur de ne plus pouvoir allaiter, de ne plus avoir le choix. Et puis on est revenu à de l’exclusif. Pour 6 jours seulement.

Aujourd’hui, elle réclame de temps en temps un biberon, de LA quand on est à l’extérieur, de LM si on est à la maison et que j’ai du stock (stock que je prévoie principalement pour la crèche). Je le vis mieux. J’imagine ma fille comme une petite nénétte qui fait les magasins : une tétée par-ci, et puis hop un biberon, puis de nouveau une tétée, et puis hop ce sont les soldes je prends les deux. Les biberons réclamés sont souvent aux mêmes horaires : aux alentours de midi ou au moment du coucher. En somme, quand elle est fatiguée et que téter doit être difficile. Notre mixte un peu anarchique semble lui convenir, même si j’aimerais m’en passer et revenir à du 100% exclusif.

Après cette tornade, avec mon compagnon on s’est penché sur la composition des laits. Et quand j’ai vu qu’il y avait de la taurine dans le Nestlé, j’ai fondu en larmes. Pour moi, la taurine c’est du Redbull. Oui je sais, belle envolée dramatique. Je me rappelais de ma fille à ce moment-là, de ses pleurs, de son sommeil moisi, de son agitation constante. Et je lisais le mot taurine. J’ai mis du temps à me détacher de cette culpabilité. Me documenter m’a aidé. J’ai ainsi lu que la taurine était naturellement présente dans l’organisme, et même dans le lait maternel. Mais que la question des quantités « acceptable » restait une question encore peu abordée. J’ai lu que le Babybio n'en contenait pas, mais contenait de l’aluminium, mais spontanément je « préfère » donner de l’alu que de la taurine qui est pour l’instant dans mon esprit trop négativement connotée.

Cette épreuve m’a fait prendre conscience que je tenais bien plus à l’allaitement que ce je croyais. Outre l’indéniable côté pratique dont j’avais déjà parlé (et d’ailleurs pendant la semaine 100% biberon je me suis sentie comme une mule à chaque fois que je sortais, surtout que nous n’étions pas équipé pour rendre les expéditions plus pratique)(bénie soit la personne qui inventé le petit machin pour ranger la poudre là, et qui a trois compartiments), le côté émotionnel s’est brusquement révélé. Je savoure beaucoup plus les tétées, je savoure ma chance d’avoir pu reprendre, je savoure le calme que le LM lui insuffle, sa sérénité, le retour de son rythme. Quelle est la part de l’habitude, de la psychologie et quelle est la part réellement attribuable à l’allaitement ? On ne le saura jamais. Mais depuis cette aventure, je ne suis plus dans la dynamique de petits pas ambiance « on verra à 9 mois si j’allaite toujours ». Je veux allaiter longtemps et la seule chose qui me fera arrêter, ce sera elle.