jeudi 10 mars 2016

La régression du sommeil

Alors que la poupoule nous faisait des nuits franchement correctes depuis sa naissance (un mois à trois réveils, jusqu'à trois mois deux réveils et passé les trois mois, hors pic de croissance, elle n'avait qu'un réveil, qui était quasiment au petit matin), depuis ses 6 mois c'est la foire du n'importe quoi. Et c'est un petit peu beaucoup fatiguant.

Le pic des six mois 
Celui des 9 semaines m'avait laissé sur les rotules. Mais à l'époque, le pic a eu lieu lors de ma semaine de reprise du travail, qui s'était fait en douceur après nos vacances en famille. Inutile de dire que j'appréhendais GRAVE le pic des 6 mois tout en travaillant. Et sans aucune surprise, j'ai douillé à mort, me demandant une nouvelle fois pourquoi je m'enquiquinais la vie à allaiter. Une bonne semaine de tétées toutes les heures, toutes les deux heures la nuit.
Au bout d'une semaine je vois le rythme redevenir plus classique en journée (toutes les 2h environ) et je me dis "chouette, le retour du sommeil !"


Quand acquisition est liée à régression
Tu le connais ce fameux adage "un pas en avant deux pas en arrière ?". C'est un bébé qui a du l'inventer. Nous avons commencé la diversification (en DME, j'en parlerais dans un autre article !) en même temps que le pic des 6 mois, qui semble avoir été un déclic pour l'intérêt vis à vis de la nourriture. Bref, apprendre à saisir les morceaux, les mettre à la bouche, mâcher, avaler, transit différent ... Ca a bousculé beaucoup de choses donc, beaucoup de choses à intégrer, apprendre, des nouveaux rythmes, des découvertes chaque jour. Bim, 3 à 4 réveils par nuit. Radar total.

Etant donné que j'allaite et que mon compagnon a un travail dangereux, c'est moi qui gérais les nuits depuis la naissance de la poulette. Mis à part le pic des 9 semaines, jusqu'à 6 mois je gérais plutôt bien. Il se levait le samedi ou le dimanche matin, je faisais une sieste et en avant simone. Sauf que t'imagines ma gueule au travail (même si je ne travaille que deux jours) après m'être réveillée à 23h, 00h15, 2h30, 5h00, 5h45-coucou-la-journée-commence !


J'ai continué à prendre sur moi et à gérer seule les nuits, sauf celle du vendredi et samedi où mon mec gérait un des réveils. Quelle idée débile. J'ai craqué de nombreuses fois en pleurant la nuit, avec un conjoint assez dépassé qui savait pas trop quoi faire. Le jour où j'ai accepté qu'il m'aide, il est revenu du travail en disant qu'un de ses collègues s'était fait amputer d'un doigt à cause d'une blessure. RETROPEDALAGE DE L'ANGOISSE. Je l'ai laissé continué de dormir en semaine, en me disant que ça passerait.

Effectivement c'est passé. La DME était intégrée, elle mangeait de mieux en mieux, le transit c'était roule ma poule, bref, keurkeurpailletteslamaternitéc'estformidable.
Oh ...
Mais tiens, qui va là ? Serait-ce ... oh mais voilà l'angoisse de la séparation qui pointe le bout de son nez ! En avance ! Oh ben fallait pas hein, on était pas pressé.

L'angoisse de la séparation, un des trucs que j'appréhendais le plus dès que j'ai compris que notre poulette était le modèle bébé koala. Pour l'instant, avec les étrangers ça va, elle est au pire indifférente ambiance poker face et au mieux comme d'habitude, c'est-à-dire excitée comme une puce de voir d'autres êtres humains.
Mais faut pas déconner, les autres êtres humains on les regarde SUR maman. Collée. Gluée. Accrochée. Fusionnée. Extension de moi-même. A la crèche, elle ne supporte pas de voir les adultes loin d'elle. Elle veut bien jouer peinarde avec les copains, ok, mais alors la petite dame a l'ordre de rester à côté, là, quasi collé, merci, sous peine de déclencher des hurlements de terreur.
Je te laisse imaginer la gueule des nuits.
Voilà.
Du coup j'ai fini par misérablement craquer, à être à deux doigts de secouer ma fille ou de la jeter brutalement dans son lit. De la mettre en danger. Ben ce constat-là, au réveil, il éclate un peu la gueule. Du coup mon mec ne m'a pas laissé le choix, maintenant les nuits c'est à deux. Et pour ma part, j'ai décidé de la sevrer du sein la nuit car mon état de fatigue est tel que ma lactation ne suit pas. Open bar des biberons la nuit, s'il faut qu'elle mange plusieurs fois, elle mangera plusieurs fois. Mais de sein, nulle trace. La nuit où j'ai failli la secouer, je la voyais téter et ça me mettait dans une colère noire. La limite était franchie, il fallait arrêter. Et même l'accident professionnel de mon mec (heureusement bénin) ne m'a pas fait changer d'avis, malgré la pointe de culpabilité.

Depuis on a toujours des réveils, un ou deux, rarement au-delà, plus ou moins longs (de 5mn le temps de prendre le biberon à 1h, ambiance pleurs déchirants dès qu'on la pose et qu'on ose s'éloigner d'elle). Le coucher est toujours difficile. Le relai est là pour que je puisse souffler, mais clairement c'est de moi dont elle a besoin : coller son visage au mien, s'agripper à mes cheveux, sentir ma respiration, mes mains, ma voix, le battement de mon coeur. Et qu'est-ce que c'est dur de répondre à ce besoin quand tu veux dormir ou récupérer de l'espace vital. Et qu'est-ce que c'est dur de se rendre compte que malgré le maternage qu'on souhaite pour elle, on décide, pour notre protection, de ne plus répondre à son besoin de la manière qu'elle souhaite. Est-ce qu'on fait bien ? Jusqu'à quand ça va durer ? Ca passe, tout finit par passer. C'est dur de se préparer à s'envoler.

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